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oncles et moi, de visiter la fameuse caverne des brigands, creusée dans l’une des hauteurs des gorges ti’Apremont, quand le gardien de ce repaire nous dit : — Tenez, voilà le chasseur de vipères qui vient vers nous.

— Comment ! fit mon oncle étonné, il y a donc des gens qui font cette chasse ? — Oui’, monsieur, répondit un petit homme vêtu d’une blouse à la couleur douteuse, la tête couverte d’une casquette en toile cirée ; — puis, se débarrassant d’une boîte qu’il avait sur le dos, il ajouta en souriant : — Si vous voulez voir mon gibier, messieurs ? — Volontiers. — Alors cet homme, dont le nom m’échappe, mais dont ma mémoire a parfaitement retenu la figure osseuse, l’œil petit, brillant et rond, tira de sa boîte deux vipères, peu grandes, mais trèsvives, et se mit à jouer avec elles, les faisant passer sur son cou, les laissant ramper sur le sol, puis les reprenant lestement et avec une aisance curieuse.

Mon oncle, un ancien garde des forêts, frémissait et reculait ! Je faisais comme mon oncle.

— Vous ne craignez donc pas leur morsure ? dit-il.

— Il n’y a aucun danger, messieurs, reprit le chasseur. Quand on ne gêne pas leurs mouvements, ce sont les bêtes les plus caressantes et les plus inoffensives du monde ! — Et il baisait la tête d’une des vipères.

— Est-ce que vous n’avez jamais été mordu, lui demandai-je ? — Oh ! que si, mais j’ai de quoi me guérir vite. — Et là-dessus ce chasseur, à qui le cognac de notre gourde avait délié la langue, nous fit le récit de