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Tout le monde sait qu’une reine d’Egypte, ne voulant pas survivre à la défaite de son amant, vaincu par les Romains, se donna la mort en se faisant mordre le sein par un aspic. Mais ce que tous ne savent pas, c’est ce qu’ajoute l’histoire : « Cléopâtre, accoutumée à la mollesse, choisit ce moyen comme le plus doux. Le coup que lance l’aspic étant si imperceptible qu’on ne le sent pas, le venin qui se répand dans les veines cause une agréable lassitude, ensuite le sommeil, et enfin une mort sans douleur. » — Pour éviter un triste désappointement à ceux qui compteraient sur la douceur de ce suicide, voici des faits observés à la suite d’une morsure d’aspic, et cités par M. Jamin : « Le médecin trouva la partie mordue tuméfiée, ferme, avec des points gangréneux ; le malade atteint de syncopes fréquentes, de vomissements et de douleurs à la région épigastrique. » Cette mort n’est donc pas aussi douce que l’annonce l’histoire, menteuse en cela comme en tant d’autres choses.

Un poète appelle les sifflements des vipères, dans leurs époques amoureuses, des épithalames monotones. Si monotones sont leurs cris et froides leurs écailles, les amours des serpents n’en sont pas moins vives et chaudes, puisque alors leur union est si intime, qu’ils ne semblent plus former qu’un corps et un serpent à deux têtes.

La pharmacie utilise la vipère, qui entre dans la composition de la thériaque, et dont on fait encore des