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lui cette poussière des humains souvenirs ; il rajeunissait, il reflorissait, il revivait ! Ce fut bientôt là sa seule tâche et son rêve unique : trouver tout, voir et posséder tout dans ce domaine immense livré à tant de monde et connu de lui seul. Il arriva ainsi peu à peu à s’en dresser une carte aux divisions secrètes, aux méandres invisibles, où des touffes d’ajoncs étaient les points de repère et des bruyères roses les jalons. Puis, après que cette fréquentation sublime eut bien rafraîchi son cerveau, après qu’il se fut bien convaincu des magnificences dont il avait la clef, le misanthrope d’un jour redevint l’enthousiaste d’autrefois. Il avait trouvé le but de sa vie, l’être de son amour ; et, chez cet homme à la charité toute-puissante, qui n’eut jamais que pour donner, une seule volonté se fixa désormais : c’était d’appeler qui voudrait à jouir de son travail d’Hercule.

Alors hardiment, à ses seuls risques, sans concours, ni secours, ni permission, il commença la tâche énorme de rendre praticable sa merveilleuse topographie. Il n’alla point dire à l’administration ce qu’il voulait faire ; il avait trop peur de tuer son rêve. La conservation des forêts est une institution sage, savante, mais réglementaire et routinière ; elle s’oppose d’instinct à tout ce qui n’est pas dans les usages. Elle est de plus excessivement jalouse en fait de