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amante, je ne puis résister au désir d’aller respirer la vie suave de tes bois, ô ma forêt de Fontainebleau ! Je dis ma forêt, étant né aux pieds de ses rocs et de ses monts, ayant grandi à l’ombre de ses futaies : il me semble, égoïste, qu’ils sont plus à moi qu’aux autres visiteurs, ces déserts où, enfant, je caressai mes rêves, et plus tard mes espérances.

Combien de fois j’ai quitté Paris le corps souffrant, la tête alourdie I A peine avais-je posé le pied sur ces lisières aimées, que je sentais se dissiper, comme sous les mains d’un magnétiseur, les nuages épais de mon cerveau, engendrés, sans doute, par les miasmes impurs qui s’échappent des rues et du macadam parisiens

Il vous en souvient, mon bon Denecourt, il y a un an environ, je vins vers ma mère et vers vous comme le malade aux médecins. Depuis quelques mois, vous disais-je, je ne peux plus rien, ma tête se refuse aux travaux sérieux : la chanson elle-même, la pauvre chanson, mon délassement habituel, trouve mon cerveau rebelle ; je ne sais plus aligner quatre vers ! La bonne mère m’embrassait, les larmes dans les. yeux ; je me sentais un peu soulagé, — doux baisers de ma mère ! — Puis, me prenant le bras et me montrant la forêt, vous me dites : — Ami, la guérison est là… — Et vous aviez raison ; n’est-ce pas la forêt, cher Denecourt, vieux citoyen aux cheveux blanchis par l’âge et les déceptions, vieux soldat blessé ! n’est-ce pas la forêt qui vous a gardé les jambes si vigoureuses et le cœur