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sur des cimes imprévues, au couronnement échevelé, inondées de soleil, brûlées, ardentes sous le grand vent, rougeâtres et tachées parfois comme d’un sang vieux-répandu. Alors il s’arrêtait et s’orientait, curieux, après avoir trouvé cela beau d’abord, et baigné dans l’éther ses poumons et son âme ; puis, en se penchant par là-haut, au risque de se tuer, près ou loin il cherchait et voyait une autre cime, et ses yeux, fouillant l’intervalle, n’apercevaient point de chemin. C’était son affaire. Il regardait une fois encore, prenait pour boussole le soleil, et marchait hardiment à sa découverte nouvelle. Les lapins, déterrés, détalaient partout sous ses pas ; le chevreuil s’enfuyait ; parfois une jaune vipère lui montrait les dents, irritée : il faisait sonner sa canne et passait. Cela dura longtemps, et lui nuisit beaucoup. On s’émerveillerait à savoir ce qu’il en sortit de suppositions injurieuses ou comiques. Mais passons là-dessus : à côté de ce qui est beau, ne mettons jamais ce qui est grotesque.

Et, à mesure qu’il avançait dans ces explorations solitaires, impossibles pour tout autre, parce que tout autre les eût jugées inutiles et folles, les pensées tristes du présent parlaient moins haut à son esprit, les navrantes images du passé reculaient. Il sentait comme un grand souffle le parcourir, et enlever de