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Je m’avançai en tapinois du côté d’un treillage, balcon champêtre d’où l’on domine l’étroit ravin situé entre la pièce d’eau et le mur d’enceinte du parc.

Ce fonds, qui mérite le nom de Val-Fleuri, est à mon goût un petit coin du paradis terrestre, un peu arrangé par les arrière-petits-fils d’Adam, mais, en vérité, pas plus que ne peut le désirer un voyageur qui a le droit de se connaître en oasis.

Au milieu d’un tapis de gazon ombragé par degrands arbres et entouré par des haies touffues, un génie bienfaisant 1 a dressé une massive table de pierre que visitent parfois d’aimables convives.

Chevaliers de la Table ronde, votre illustre marraine fut-elle jamais plantée en un vallon si charmant !

Une prairie verdoyante, où scintillent mille perles des champs, s’étend au delà du bouquet de marronniers, de frênes et d’ormeaux qui marient leurs feuillages. A leurs pieds serpentent d’étroits ruisselets, alimentés les uns par une source glaciale, les autres par le trop-plein de la grande pièce d’eau qu’attiédit l’ardent soleil de juillet.

Mon balcon de treillage est situé exactement au-dessus de l’écluse construite comme un petit château d’eau dans les talus entourés de haies vives. Là jaillit par une rigole de pierre moussue la fontaine du canal.

Le murmure de cette faible cascade et les frémissements

(1) Cette table est due à M. Lamy, conservateur du palais.