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avec une patiente audace, n’a pu vous arracher votre manteau virginal.

« Lianes chevelues, fourrés épineux, ronces gigantesques, — inextricable réseau de labyrinthes, — fondrières, rochers, cratères, gouffres béants, taillis hérissés de dards, déserts sans bornes, sables de feu, abîmes et mers sans fonds, marécages impénétrables, remparts de granit, fossés de lave bouillante, tels sont les obstacles que vous opposez sans cesse à l’ambition humaine.

« Vierge au bouclier, malgré toute notre admiration pour vos splendeurs, malgré tout notre amour pour vos charmes, nous vous aimons mieux, —avouons-le humblement, — quand vous commencez à être apprivoisée. Grâces soient donc rendues à quiconque fraye une voie, comble un précipice, défriche une lande ou suspend un pont ! Hier, la nature menaçante se refusait à notre tendresse ; demain, rendue accessible, elle ne pourra plus nous cacher ses beautés ! »

Je m’en allais rêvant ainsi, tout en foulant un des innombrables sentiers tracés à travers la forêt de Fontainebleau par un de ces hommes de bien qu’aucun obstacle ne décourage. J’applaudissais à son œuvre chemin faisant ; sans lui, aurais-je pu explorer les crêtes rocheuses d’où je redescendais vers le parc’( Sans lui, n’aurais-je point craint à chaque pas de m’égarer dans un nid de vipères ? Les broussailles m’avaient livré passage comme par enchantement.