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se dressa un jeune garçon d’une quinzaine d’années environ, jaune comme l’ambre, d’un aspect farouche et en qui s’incarnait dans toute sa perfection le type de la race bohème. Les Bohémiens l’entourèrent avec de grandes démonstrations de joie et en criant de nouveau : « Frandj ! Frandj ! » Ce que je traduirai par cette autre exclamation plus connue : « Le roi est mort ! vive le roi ! »

Un bruit de chevaux se lit entendre encore du côté par où la noce s’était éloignée : r-eite fois c’était la gendarmerie ; les Bohémiens détalèrent promptement, se glissant à travers les buissons, se coulant dans les genêts, et emmenant leur nouveau prince.

En quelques minutes la scène se trouva vide.

Deux jours après, étant de retour à T…, je trouvai la ville en rumeur. Les gendarmes étaient parvenus à prendre au collet le jeune successeur de Frandj, et l’enfant, impatient des verrous, s’était brisé la tête contre les murs de sa prison. Tout le monde s’entretenait de cet événement. Voilà comment devait finir la dynastie du grand voleur de poules ; on pourrait citer d’illustres races historiques qui n’ont pas eu une fin plus glorieuse.

Maintenant, mon cher L.., tire le parti que tu voudras de cette lettre, qui aura servi du moins à me rappeler à ton souvenir. A toi.

CLÉMENT CARAGUEL.