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c’était de n’entendre sortir de la bergerie aucun de ces bruits joyeux qui annoncent d’ordinaire uneréunion de chasseurs ; il venait de ce côte, par moments, des sons vagues qu’on aurait pris pour des frémissements de feuilles mêlés à des murmures humains à moitié étouffés. Mes pieds foulaient sourdement la fougère, et lorsqu’à peu de distance des ruines le craquement d’une brandie sèche sous mon pied me trahit, je vis dans le rayon de lumière qui jaillissait de la porte passer et s’agiter des ombres. Presque au même instant je parus sur le seuil, et me trouvai en présence de mes anciennes connaissances les Bohémiens, qui remplissaient la bergerie. Mon aspect les troubla d’abord, mais ils se remirent bien vite en s’apercevant qu’il n’avaient affaire qu’à un chasseur, — chasseurs et gendarmes n’étant pas cousins, comme dit un vieux dicton.

Quoique je crusse n’avoir rien à craindre des Bohémiens, un premier mouvement de surprise me rejeta en arrière, mais le spectacle bizarre que j’avais sous les yeux me retint. Au centre de la bergerie brûlait un feu de broussailles. Par terre était étendu, tout de son long, le vieux Frandj, les pieds tournés vers ce feu qui figurait peut-être le soleil. Frandj était mort. Les femmes de sa tribu, les cheveux épars, accroupies autour du corps, murmuraient en chœur des paroles inintelligibles pour moi ; deux d’entre elles serraient des bandelettes autour du cadavre. Par moments, il se faisait