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saisir son passage à travers la clairière pleine d’ombre. C’étaient partout des chuchotements, des rires de joie, des soupirs étouffés : c’est lui, c’est bien lui ! et les fleurs secouaient leurs cassolettes pour le parfumer, et les oiseaux chantaient son éloge sur tous les tons de la gamme. Lui, marchait de ce pas ferme et glorieux que le Psalmiste donne à l’Époux ; son clair visage reflète les teintes de chaque verdure, il a la joie dans l’âme, il a la plénitude du bonheur.

Depuis ce jour, Y Amant de la forêt ne s’est plus éloigné. Qui ne l’a rencontré souvent dans ses pérégrinations matinales ? Les bons bourgeois de Fontainebleau dorment encore, qu’il est sur pied. Sa toilette est vite faite. La mystérieuse amante n’a que faire de somptueux habits. Ce qu’il lui faut, c’est uncœur puretdroit pour l’aimer comme elle entend l’être. L’ombre lutte avec l’aube naissante dans les rues silencieuses qu’il traverse, sur les murs sa silhouette semble le précéder. Le bruit de son bâton de houx, frappant le pavé d’un coup sec, éveille le chien de garde qui gronde, mais se rassure bientôt. Il sort par une des portes de la ville, il quitteles chemins frayés. Ivre d’impatience et d’espoir, les yeux tournés vers l’Orient pour y découvrir les premières teintes du matin, il s’avance vers la forêt, il en aspire les senteurs résineuses, il étend les bras vers les grottes, vers les chênes, il voudrait les réunir tous dans un embrassement universel. Joie, innocence, délices que ne connaîtra jamais le vulgaire, vous suffisez à ce