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vous êtes la joie de mes yeux et le rafraîchissement de ma pensée ! vous êtes la tradition, la légende vivante, la poésie rêvée et souvent la poésie parlée. Vous êtes la mystérieuse tribu iéralique qui, dans la terre civilisée des Pharaons, au milieu des merveilles de Thèbes et de Memphis, a pris soin des saints vases et entretenu le feu qui brûlera le buisson d’Horeb. L’amour de la nature vous a marqués d’un sceau commun, indélébile. Vous vous reconnaissez soudain à certains signes, avant même que vous ayez parlé ; vous êtes de la même famille, vous pouvez rompre le pain de l’intelligence, vous êtes tous les fils de la nature, de celte nature immuable que nous n’aimerons jamais assez, et que les Romains appelaient leur mère : Aima tellus !

Parmi ces hommes légendaires, — j’emploie cetteexploie à dessein, — race qui disparaîtra si le progrès continue, il n’en est pas dont la physionomie m’ait plus frappé que celle d’un homme dont je ne vous dirai le nom que plus tard. Qu’il me suffise de l’appeler quelque temps encore VAmant de la forêt de Fontainebleau. La première fois qu’il me fut présenté, je fus frappé de l’aspect rugueux de ce chêne humain, plein de douceur et de sérénité. C’est un homme d’un âge indécis et flottant, ou plutôt qu’importe l’âge, puisqu’il est encore dans la frondaison. Il porte sur un corps solide, plusieurs fois ébranché au printemps, une tête abri des bonnes pensées et des convictions inébranlables. Ses jambes de paysan, arquées avec force, tiennent par de