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émanation du beau et du bien que recherchait l’antiquité. Non, c’est une petite personne bien froide, bien sévère, immatriculée à son numéro d’ordre, qui se prouve par une équation algébrique et ne permet pas la discussion.Elle est ou elle n’est pas ; mais, quand on l’affirme, on la prouve. Les petits garçons de cinq ans ne croient plus aux vieilles lunes que le bon Dieu serre avec soin dans ses armoires quand elles sont usées. Ils apprennent la cos-mo-gra-phie !

Le temps est dur aux rêveurs, c’est l’âge de fer : non pas que cette magnifique époque dans laquelle nous avons le malheur de vivre n’ait pas sa grandeur, elle aussi. L’époque des chemins de fer, de la télégraphie électrique, de la photographie, est certainement appelée à tracer un lumineux sillon dans l’histoire de l’humanité. Mais que voulez-vous ? Il y a des esprits têtus pour lesquels la légende était un besoin comme le sol et l’eau, qui fleurissent comme les giroflées sauvages sur le sommet des vieilles tours (dont vous ne voulez plus même pour faire des signaux télégraphiques), qui verdoient dans tes forêts, chantent avec les ruisseaux, bruissent avec le vent, savent la langue que chantent le merle, le bouvreuil et la fauvette, conversent avec les fleurs du marais, ces belles fleurs à l’odeur si pénétrante, sont heureux dela rencontre d’un insecte, déjeunent d’une aube enflammée etsoupentd’un coucher rie soleil. Ce sont les paresseux, dites-vous, les originaux, les inutiles. Chers inutiles d’une époque utilitaire,