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quelques jours après, il fît l’heureuse rencontre d’un capitaine du génie, M. Émon, qui le prit en affection, se chargea de lui et le plaça concierge de caserne à Melun. C’était une troisième retraite.

Alors il se maria, et fut d’abord destitué comme bonapartiste ; puis maintenu, grâce à M. Émon ; puis envoyé à Versailles, où il monta un commerce avantageux ; puis ôté de Versailles, longtemps après, en 185’2, par ordre du maréchal Soult, comme suspect de républicanisme ; envoyé de là à Fontainebleau, et enfin décidément révoqué trois mois plus tard, parce qu’il s’imaginait d’avoir une opinion et de la dire. Il n’avait rien appris des hommes, ce pauvre grand cœur !

Il eut ensuite deux années de fièvre politique ardente, héroïque, superbe, pendant lesquelles dix fois, à travers la France, il risqua sa liberté et sa vie. Puis il revint à Fontainebleau épuisé, abattu, l’esprit amer, l’espoir mort ; prenant l’ignorance des masses endormies pour de la lâcheté, ayant à répondre aux reproches des siens sur son existence gaspillée, ne laissant pas même son nom derrière lui dans ces luttes désastreuses où les plus généreux furent les plus obscurs, ne croyant plus à son temps, ni aux autres, ni à lui-même : comme il arrive, hélas, à tous les enthousiastes, , quand la foudre ou les nuées ont