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lunettes de votre conscience sont nettoyées ? Les préoccupations mondaines s’évanouissent, le saint dialogue de l’homme et de la nature commence.

Tout à l’heure, à l’aspect des coteaux, des vallons et des collines fuyant sous un ciel infini, vous oubliiez la vie dans le rêve va’gue, et maintenant vous méditez en écoutant les voix mystérieuses de la forêt qui passent avec le vent à travers les ramures des grands arbres et les herbes des sentiers fleuris, cantique au Créateur chanté par l’air, l’oiseau, l’insecte, le brin de verdure, par tous les hôtes et tous les atomes du bois !

Un monde de travail, d’amour et d’harmonie berce votre pensée comme un tendre mère… Le soleil perce une trouéedans les massifs et vient chasser l’ombredans laquelle vous êtes couché ; la verte feuille tressaille pudiquement aux baisers de la brise ; un audacieux rossignol danse sur votre tête et interrompt son éternelle chanson pour lisser son bec à la branche ; entre vos jambes une légion de fourmis s’acheminent gravement au grenier d’abondance, chargées de lourds fardeaux de fétus ; une république de cirons, diminutifs de bûcherons, travaillent le pied moussu d’un chêne ; une araignée guette, enveloppée de sa toile, l’étourdi moucheron : des fils de la vierge balancent leur blanche toison dans les airs et s’accrochent aux ronces des buissons ; puis ce sont des symphonies interminables de gazouillements, de susurrements, d’appels mystiques d’oiseau à oiseau, d’insecte à insecte, de fleur à fleur.