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d’une forêt. Jean-Jacques, le misanthrope, y trouva plus d’une fois la guérison des nausées que lui donnait la grand’ville.

Perdu dans les hautes futaies, ou enseveli dans les épais taillis, vous êtes, en effet, délivré du spectacle de ces animaux à deux pieds et sans plumes, comme dit Platon, qui font la roue, jouent de l’épine dorsale, calomnient, jugent, rampent, adorent, selon que le vent souffle de l’est ou de l’ouest, ménagerie de singes indécents. Il faut que vous cherchiez bien, que vous arpentiez le bois de long en large pour rencontrer sous vos pas une vipère qui fuira prestement à votre approche, honteuse de ne pouvoir plus lutter contre l’homme ni contre la femme. Pauvres innocentes vipères ! celles qui portent habits noirs et chapeaux roses ont des morsures autrement venimeuses !

Mais en compensation de cet inoffensif désagrément du reptile, qui tourne au mythe dans la plupart des forêts de la France, la nature vous fait respirer ses arômes les plus âcres et rassérène, par de suaves impressions, votre âme souillée dans les luttes honteuses du cirque social.

Ne craignez donc pas de tacher votre pantalon neuf, monsieur, ou de verdir votre belle robe de soie, madame ; étendez-vous sur l’herbe verte et drue de cette profonde clairière. Ne vous semble-t-il pas déjà que les miasmes impurs qui troublaient votre imagination se dissipent, que votre vue intérieure s’éclaircit, que les