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entier le souvenir des adieux de Fontainebleau. J’ai vu tomber et s’abîmer dans les gouffres de l’histoire bien des grandeurs souveraines ; j’ai vu, çà et là. dans l’étude et dans la contemplation des siècles, bien des chutes profondes, des infortunes éclatantes, des douleurs infinies ; j’ai aperçu des rois écrasés sous les débris du trône, des grands hommes de guerre qui succombaient dans la bataille en devinant la victoire, d’illustres innocents qui mouraient de la main du bourreau, des princes exilés par leurs peuples, des martyrs qui s’en allaient vers Dieu par la route de Pêdiafaiid ; mais rien dans les livres, rien de solennel, de douloureux et de terrible ne m’a plus ému, plus effrayé, plus remué, que le spectacle de ce dénoùment d’une tragédie impériale !

Pierre Marcou ne songeait plus à sa fille : il vivait tout entier dans l’histoire et dans la mémoire de l’empereur ; il ne pensait qu’à ce demi-dieu tombé, qui avait été une des grandes impressions de son enfance, et qui était encore une des grandes émotion* de sa vie.

— J’étais bien jeune, reprit-il en essuyant une larme… Je n’étais qu’un enfant.à l’heure suprême dont je parle ; eh bien ! je sentis au fond de mon cœur le retentissement de ce baiser que la gloire attristée venait de donner à un drapeau, à une aigle, à une ar^ mée, à une nation. Aussi, jugez de ma joie lorsqu’un beau matin, à mon réveil, j’entendis parler de la résurrection de l’empereur’. Oui, l’empereur avait brisé