Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/189

Cette page n’a pas encore été corrigée

charmante qui fuyait le monde, à cette âme oublieuse qui dédaignait la folie de son père. Le bruit lointain d’une fanfare fit tressaillir tout à coup ce pauvre rêveur ; il s’arrêta, baissa la tôte comme pour mieux. écouter, et me dit en se tournant vers moi :

— Je n’entends que le bruit des Irompettes ; le vent aura sans doute emporté le bruit des tambours ! Chaque soir, à la même heure, tambours et trompettes annoncent aux fantômes de la forêt l’apparition d’une ombre glorieuse, l’ombre du premier empereur ! Venez çà, sur ce tertre nous la verrons passer.

L’ombre de l’empereur passa probablement tout près de nous. Pierre Marcou agita son chapeau au-dessus de sa tête ; ses yeux étincelaient ; sa bouche, qui ne disait mot, avait l’air de pousser des cris d’enthousiasme.

— Où peut aller ainsi l’empereur ? demandai-je à Pierre Marcou ? où va-t-il, chaque soir, à la même heure, à travers cette forêt ?

— Il s’en va secrètement dans le palais de Fontainebleau : il prend sans doute quelque plaisir à revoir la galerie de François I", où il épousa, dans tout l’éclat de sa puissance et de sa gloire, une archiduchesse d’Autriche ; l’allée de l’étang, où il se promena avec un pape ; le jardin anglais, qu’il fit dessiner par l’architecte Hurtaut ; la petite chambre où il signa son abdication, et cette cour du Cheval-Blanc, où il salua la grande armée, pleura sur son drapeau, baisa l’aigle impériale, embrassa le général Petit, et légua au monde