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bravement à pousser la charrue dans le désert stérile des bruyères. Il s’était assis autrefois à la table des bienheureux de ce monde : il daigna s’asseoir sur un escabeau, et il consentit à manger à la gamelle avec ses camarades, avec ses égaux. Il avait vu de près le bonheur, et il ne craignit point de sourire à l’infortune ; il avait fait les songes les plus magnifiques, et il se consola des tristesses du réveil en attendant des jours meilleurs et en espérant de nouveaux rêves !

« 11 n’en fut pas ainsi bien longtemps : malgré toute sa résolution, malgré tout son courage, Maclou (lérard se laissa vaincre, et il mourut en vivant toujours, si je puis le dire, dans cette lutte des regrets contre les devoirs, de l’amour contre la pauvreté et de l’imagination contre la conscience ! — Bientôt sa force et sa volonté s’épuisèrent à la peine et à la fatigue ; son père commença à s’inquiéter du repos et de la vie de ce malheureux enfant. Maclou Gérard devint inquiet, morose et chagrin ; il était abattu jusqu’à la faiblesse ; il se troublait sans raison ; il tremblait sans motif ; il parlait aux arbres, aux animaux et aux fleurs ; souvent il s’avisait de rire et de pleurer tout à la fois ! — I n jour, Maclou Gérard trouva qu’il était plus facile de mourir que de souffrir, et il résolut de se brûler la cervelle : par bonheur, un souffle mystérieux glissa tout doucement sur la poudre, et la poudre mortelle * s’envola ; une main invisible poussa l’arme qu’il tenait dans ses mains, et l’arme roula sous ses pieds :