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homme, un homme qui pleurait en chancelant. Une voix terrihle, formidable, cria soudain à cet homme désolé, à ce voyageur épuisé : « Marche ! marche ! »

— Était-ce donc le Juif.errant ? le Juif errant à Fontainebleau !…

— Le Juif du Calvaire marcha et disparut ; alors, « par un enchantement céleste, le rocher qu’il avait mouillé de ses pleurs laissa tomber une goutte d’eau qui devait être éternelle, une larme que l’on peut voir se détacher encore du sommet de la Roche qui pleure. Après une pareille rencontre et un pareil miracle. Louis IX se hâta de purifier la résidence d’un roi chrétien, en y fondant un hôpital et deux chapelles. Il daigna visiter avec toute sa cour la Roche qui pleure :

il s’agenouilla ; il écouta longtemps le bruit de cette goutte d’eau, qui était, pour son indulgence, une larme tombée des yeux d’un coupable ; il pria pour l’homme maudit en songeant que le pécheur qui avait pleuré s’était repenti. C’est peut-être le souvenir de ce prodige, de cette goutte d’eau, de cette larme, qui attire plus d’une fois l’ombre du roi saint Louis dans la solitude de ses Déserts.

Pierre Marcou poussa un cri de joie, à demi étouffé par un secret sentiment de respect ; il frappa légèrément sur mon épaule, et il me dit en me montrant du doigt la colline merveilleuse, le rocher du Juif errant :

— Vous jouez de bonheur… J’aperçois le fantôme de Louis IX ! Et, pour que rien ne manque à votre bonne