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souvent dans la forêt : elle rôde autour d’un tombeau ; comme elle se croit seule devant Dieu, elle s’agenouille sans orgueil, et je crois qu’elle prie sans colère ! Mais elle a beau prier… il lui arrive de se souvenir, avec une joie féroce, du crime horrible qu’elle a commis. Je l’ai surprise plus d’une fois dépliant une petite feuille de papier, et lisant ù haute voix sa fameuse lettre à Mazarin, une lettre qui commençait ainsi :

« Apprenez, tous tant que vous êtes, valets et maîtres, petits et grands, qu’il m’a plu de tuer un homme. Je ne dois aucun compte de mes actions à des fanfarons de votre sorte. Christine se soucie fort peu de votre cour, et encore moins de vous. Mon honneur l’a voulu : je ine suis vengée. Ma volonté est une loi ; vous taire est votre devoir. Bien des gens, que je n’estime pas mieux que vous, feraient très-bien d’apprendre ce qu’ils me doivent avant de faire tant de bruit pour rien ! »

— N’avez’vous jamais rencontré l’ombre de Monaldeschi, l’amant de Christine ?

— Je la rencontre quelquefois dans les massifs d’Avon, tout près de l’église ; elle se cache de son mieux : elle a peur du fantôme de la reine ! Au moindre bruit dans le feuillage, Monaldeschi se réfugie dans la petite chapelle qui lui sert de tombeau.

En ce moment, les arbres s’agitèrent autour de nous ; il me sembla que l’on sautillait sur les feuilles mortes ; je crus entendre je ne sais quels murmures, des sons