Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

tendre ma fille. Cette ombre est incorrigible ; elle joue, elle s’amuse, elle rit toujours, absolument comme si elle était encore la fille du Régent !

— La comtesse d’Egmont peut-être ?

— Non… la duchesse de Charollais. Elle se souvient d’avoir fait ses premières dévotions à Fontainebleau : elle quitte volontiers son ancienne abbaye de Chelles pour venir folâtrer dans cette forêt. Elle fut, à coup sûr, l’abbesse la plus singulière de France et de Navarre : une abbesse jeune, jolie, originale, audacieuse, qui raffole de la musique et de la danse, qui adore les chiens et les chevaux, qui tire des feux d’artifice en plein couvent, qui joue aux bergeries de trumeau avec des danseuses de l’Opéra, qui chasse à pied et achevai dans tous les bois du voisinage, et qui réveille ses religieuses à coups de pistolet !

— Avouez du moins que voilà une abbesse dont la figure, le caractère et l’esprit ne vont pas trop mal au monde un peu hasardé de la Régence ?

— Taisez-vous… J’aperçois Christine de Suède ! Quoiqu’elle ait une grande tache de sang à sa robe, je la préfère presque à la duchesse de Charollais ! Christine souilla la majesté d’une résidence royale, en faisant assassiner son écuyer dans le palais de Fontainebleau, au fond de la galerie des cerfs. Mazarin osa reprocher celte mort, cet assassinat, à la reine de Suède, qui se contenta de lui répondre en le traitant de faquin, de faquin illustrissime ! Elle m’est apparue bien