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elle tomba malade dans ma maison de Fontainebleau : le lendemain, des amitiés et des mains inconnues vinrent jeter sous les fenêtres de ma fille une immense jonchée fleurie, pour abriter son oreille contre le bruit des voitures et des passants ; et, tant que dura le mal, tant que dura la vie, la jonchée fleurie fut renouvelés chaque jour ! En pareil cas, chez les riches, on répand, à grands frais, une vilaine litière de paille ; ma fille, la fille d’un homme de rien, avait chaque matin, sous sa croisée, des gerbes éblouissantes, des tombereaux de gazon et de fleurs !…

Et quand mon enfant fut morte,
Un prêtre, au seuil de la porte,
Jeta de l’encens au feu ;
Et les anges, de leurs ailes,
Sur des palmes immortelles,
Portèrent son âme à Dieu !

Je laissai Pierre Marcou se souvenir et s’attendrir avec un chagrin mêlé d’orgueil. La chasse aux ombres dura trois heures, et il ne m’arriva plus une seule fois rie sourire.

— Emmenez-moi !… emmenez-moi ! reprit Marcou en me tondant les deux mains, en ayant presque l’air de me supplier ; je vois rôder autour de l’église une ombre indiscrète, un fantôme fâcheux, qui m’interpelle tous les soirs en riant à l’heure où je viens at