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V

Pierre Marcou m’entraîna par la main, avec une façon de mystère, à petits pas, en s’arrêtant parfois pour écouter, jusque dans une clairière où se trouve l’église d’Avon. Il se cacha derrière un grand arbre qui couronne le porche de l’église : sa main tremblait dans la mienne ; il s’agitait, il s’impatientait, en regardant tour à tour le ciel et la terre ; le Chasseur d’ombres se tenait à l’affût, et il attendait avec une secrète inquiétude quelque bel oiseau de la mort, un’fantôme trop attendu I Je lui dis à voix basse, en souriant :

— Vous ne voyez rien, vous ne voyez personne ?

— Je l’attends depuis deux ans ! s’écria Marcou en continuant de regarder autour de lui avec de grands yeux effarés ; elle se plaît donc beaucoup là-bas, loin de moi, dans le silence, dans la poussière, dans la terre, dans la nuit ?

— De qui parlez-vous done ?

— Vous le savez bien !… je parle de ma fille ! Elle m’avait pourtant promisde revenir… Mais, que voulezvous ? une fille de quinze ans’….Cet âge est sansmémoire etsanspitiépourles pauvres pères ! Tout lemondel’adorait dans ce bon pays ; eh bien, elle a oublié tout le monde Je vais Vous dire combien elle était adorée. Un soir