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il attachait autour de son cou, en guise d’écharpe, un mouchoir bleu qui lui rappelait un amour d’autrefois ; en voyant et en touchant ce mouchoir, il se souvenait, bon gré, mal gré, de la femme qu’il avait aimée, et il lui semblait que ce souvenir devait porter bonheur à sa santé ! Triste ! triste ! triste !

« Est-ce qu’il n’y a point, çà et là, quelques niais, quelques misérables, quelques sublimes imbéciles, qui ont porté secrètement des amulettes d’amour entre leur peau et leur chemise ?… Demandez à ces idiots si le talisman les a défendus contre la femme qui le leur avait donné ?…

« Quand un homme amoureux s’avise de pleurer, ses larmes commencent par plaire à la femme qui le désole : on les prend pour une flatterie ; on les accepte comme un éloge ; si de pareilles larmes coulent trop souvent, elles déplaisent, elles finissent par inspirer de l’horreur à la femme qui les fait couler ; elles ne sont plus qu’un reproche, — qu’elle a sans doute mérité.

« Il y a des hommes amoureux et obstinés qui attendent, toute leur vie, le retour du cœur d’une femme. Quelle plaisante et misérable histoire que celle de ces pauvres amants dédaignés, qui attendent un cœur en voyage ! Alcestea dû attendre fort longtemps, dans son endroit écarté, le cœur de Célimène ; Vendroit écarté d’Alceste était sans doute le creux d’un orme.

« Après tout, pourquoi donc imiter Alceste ? Pourquoi donc haïr tout le monde, sous le prétexte de bien