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gravement à devenir fou : à mon tour, j otai mon chapeau, et je saluai.

— Quelle est cette ombre ? demandai-je à Pierre Marcou.

— Une femme spirituelle, me répondit-il en marchant ; une belle vieille dame, qui se nommait mademoiselle Thévenin. Elle passa plus de vingt ans à Fontainebleau ; elle y mourut l’an dernier. Depuis sa mort, je la rencontre ce soir pour la première fois ; elle s’ennuie déjà dans l’autre mondel Mademoiselle Thévenin nous a laissé le souvenir d’une vie brillante, incertaine et romanesque : elle personnifiait avec beaucoup d’agrément une variété galante de cette jolie famille que l’on pourrait appeler les éphémères. Elle était, par une équivoque alliance, la belle cousine de Sophie Arnould et de Guimard. ces terribles Danaïdes qui jetaient à pleines mains l’or, l’argent, l’esprit et le cœur dans des gouffres insatiables, dans le luxe, dans le caprice, dans le plaisir et dans l’orgueil !

IV

— Mademoiselle Thévenin n’est pas seule… J’aperçois l’ombre de son ombre… un fantôme désolé qui se souvient encore d’avoir été un amant malheureux. O