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sur la lisière qui touche à l’église d’Avon. Fontainebleau est un séjour fort triste pour tout le monde, excepté pour lui : il s’y trouve à merveille, avec sa science, avec sa sagesse, ou plutôt avec sa folie.

Quand je dis qu’il n’a point de tristesse et qu’il se laisse vivre tout doucement, je me trompe : il pleure plus d’une fois ; lorsqu’une certaine image du passé voile ses yeux mouillés de larmes, il croit entrevoir sous ses pieds un abîme qui est une tombe. C’est là une grande intelligence qui arrive à la folie, en se plaisant dans une grande douleur. Ce poète naïf et désolé se nomme Pierre Marcou ; on l’a surnommé le Chasseur d’ombres. J’ai là, devant moi, une lettre qu’il m’adressait, il y a peu de jours. Voici cette lettre, qui laisse deviner déjà la singulière extravagance d’un homme intelligent, et qui explique le surnom étrange qu’on lui a donné :

« Venez donc visiter, dans un jour de peine, ce coin de terre qui est si beau ! Dieu lui a prêté des paysages, des décorations, des spectacles admirables ; l’homme lui a prêté des souvenirs, des monuments et des chefsd’œuvre. La poésie a chanté dans tous les temps avec l’amour, avec la gloire, avec l’infortune, avec le génie, dans ce palais, dans ce’parc, dans cette forêt, dans cette immense zone de verdure, qui est un appendice historique à l’histoire de votre Paris !

« Venez donc admirer, dans un jour de désœuvrement, dans une matinée de paresse, le mystère, le