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sans pouvoir saluer un souvenir historique, sans toucher aux monuments et aux siècles, sans jamais entrevoir au fond des massifs les fantômes de la tradition, les revenants de l’histoire ?

Je connais un pauvre rêveur, un savant, un poé’te, qui serait bien étonné, bien confus, bien indigné, s’il lisait Y Histoire des Forets que je viens de lire ; il ne manquerait pas de s’écrier, en jetant au feu un pareil [ivre, comme s’il y jetait une branche morte, une branche stérile : « Des végétaux de toutes les sortes, des voûtes de rameaux, des graminées gigantesques, des fourrés, des taillis, des futaies, luxuriante verdure et magnifiques arbres partout !… Mais aucun mort qui ressuscite dans ces forêts ; aucun brin de poussière humaine qui se soulève à votre approche ; aucun fantôme qui se glisse dans le feuillage ; aucune ombre qui traîne sa robe blanche à travers les gazons ! Des arbres, encore des arbres, toujours des arbres !… Mais ne faut-il pas bien autre chose que des arbres pour faire une forêt ? »

II

Le rêveur, et peut-être ffe fou dont il s’agit, se laisse vivre tout doucement dans le parc de Fontainebleau, dans une petite maison qui ressemble à une vaste bibliotbèque,