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voilà toutes dans le livre savant dont je parle ; c’est un spectacle étrange, qui vous donne des étonnements. des éblouissements et des terreurs..On s’émeut, on admire, on tremble, on s’arrête pour écouter, on a peur d’entendre, on se trouve bien faible et bien humble, on se sent disparaître dans l’immensité de ces ombrages, de cette splendide végétation, de ces masses arborescentes de tous les pays.

Par malheur, au fond de ces forêts, l’histoire, l’esprit des sièeles, le souffle des idées, l’influence des événements, n’ont rien laissé de visible : la grande créature de Dieu est absente ! Je suis de l’avis d’un critique spirituel, — qui a écrit à propos de ce livre : « On ne fait point assez de rencontres dans ces forêts ; rien n’y manque, sauf l’homme, l’homme qui seul peut donner une expression, de la vie et de la poésie à ces bois ; l’homme, fût-il seulement sabotier, bûcheron ou charbonnier… J’ai besoin de le voir et de l’entendre. »

Si vaste ou si étroite que soit une forêt, il faut que les génies familiers de l’histoire viennent la peupler et Yenchanter, • il faut que la voix du passé lui donne des échos ; il faut que l’on y surprenne la trace de l’humanité ; il faut que l’on y découvre des secrets, des trésors et des merveilles d’autrefois, à demi cachés dans la poussière, dans le feuillage *t dans la poésie. Je vous demande un peu ce que signifie une grande et belle forêt, sur la terre ou dans un livre, quand on s’y promène