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malice. Nous rapportons l’anecdote suivante, quoique bien connue, parce qu’elle met en relief un côté saillant de son caractère.

Un amateur lui avait commandé un tableau dans lequel devait se trouver une église. Lantara, qui ne savait pas dessiner les personnages, se garda bien d’en mettre un seul. L’amateur fut charmé de la fraîcheur et de la vérité du paysage, mais il se plaignit de l’absence de figures.

— Monsieur, lui répondit naïvement Lantara, elles sont à la messe.

— Eh bien ! reprit l’amateur, j’achèterai le tableau quand elles en seront sorties.

Lantara se remit à l’œuvre : ne sachant comment esquiver la difficulté, il imagina de camper au fond du tableau, sur la lisière d’un bois, un villageois vu de dos, s’efforçant, dans une posture toute rabelaisienne. Ce n’était pas précisément une figure.

— Voyez, dit Lantara à son homme, toutes les personnes sont sorties de la messe et sont retournées aux champs ; la preuve, c’est que voici encore là-bas un retardataire.

L’amateur sourit et paya.

Si cette anecdote n’est pas vraie, elle constate du moins un fait authentique. Lantara ne faisait jamais ses figures. Dans les tableaux où il s’en trouve, elles sont dues à l’ohligeance de quelques camarades, soit Demarne, soit Taunay. On assure même que Joseph Vernet