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prouve que Jean-Jacques n’a pas invente" la rêverie, comme on l’a sottement prétendu.

C’est sans doute pressé par cette vague inquiétude de l’esprit que Lantara vint à Paris, tout jeune encore, au beau milieu du règne de Louis XV, inconnu de tous et sans autre ressource que son talent. Malheureusement Lantara était paresseux, si l’on doit donner le nom de paresse à cette soif constante d’idéal qui le dévorait. Nous l’avons déjà dit, Lantara travaillait *peu, il regardait. Lorsque, poussé par la faim, il était enfin contraint de secouer sa paresse si chère, il peignait où il se trouvait, ce qu’on lui demandait, pour n’importe quoi. •C’est ainsi, dit Alexandre Lenoir qui l’a connu personnellement, « qu’il faisait volontiers un paysage pour un gâteau d’amandes, une tourte ou tout autre pâtisserie. Le limonadier Dalbot, placé près du Louvre, a obtenu une belle suite de dessins de Lantara, avec les bavaroises et le café à la crème qu’il lui donnait à ses déjeuners. » Il lui arriva souvent, dans des circonstances pressantes, de peindre des enseignes de cabaret pour acquitter la note de ses repas. De là lui est venue sa réputation d’ivrogne, aujourd’hui proverbiale, et que le vaudeville n’a pas peu contribué à lui faire. Chose triste à dire, Lantara ne fut longtemps connu que par un vaudeville joué en 1809, de Picard, Barré, Radet et Desfontaines, intitulé Lantara ou le peintfe au cabaret. La pièce avait obtenu un grand succès et les airs en étaient devenus populaires. On peut voir dans tous les