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Lantara peignait de mémoire. Il allait à travers la campagne, il s’en emplissait le cœur et les yeux, pleurant d’admiration devant les grands spectacles de la nature ; puis, un jour, n’importe quand, n’importe où. en plein ciel, dans son galetas, à l’étable, sous l’impression du souvenir, il reproduisait de verve, d’abondance, les effets qui l’avaient touché ; tranquilles clairs de lune, levers de soleil radieux, fraîches aubes. Il ne prenait la palette que lorsque la poésie, longtemps contenue, débordait d’elle-même. Alors il s’y laissait aller, sûr que son sentiment ne le tromperait pas, car il savait par cœur. Jamais l’expression ne fut plus juste, toutes les teintes et les demi-teintes du matin, du jour et du soir, toutes les gradations et les dégradations de la lumière ; la nature était son amoureuse, il la voyait les yeux fermés.’_.

Il existe une légende, d’après laquelle Lantara, au temps de son enfance, aurait gardé des chèvres dans la forêt Chèvres ou vaches, peu importe. M. Denecourt vous fera voir dans ses domaines, un recoin charmant, qui s’est appelé toujours la Dormoir de Lantara.

Il y a, du reste, dans ce fait de Lantara chevrier, quelque chose desimpie et de touchant qui plaît à l’esprit. On aime à se représenter le pâtre de génie s’écoutant lui-même dans la grande solitude. Cette légende n’a donc rien qui dépare la figure rêveuse de Lantara, car Lantara fût un rêveur avant Jean-Jacques, ce qui