Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/131

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans la forêt comme un sculpteur choisit ses modèles dans la foule ? Mais si nous reconnaissons la légitimité, et même, jusqu’à un certain point, la prééminence du paysage historique, c’est à la condition qu’il ne serait pas idéal au point de n’être pas réel. Quelque épique que soit la tournure d’un chêne, encore faut-il qu’il soit fait de séve, d’écorce et de feuillage, et l’eau qui tombe de l’urne penchée d’une naïade n’est pas dispensée pour cela d’être fluide, limpide, transparente, aquatique enfin ; sans quoi je lui préférerais celle que versent les manne-ken-piss ou les tuyaux de bois des lavoirs.

Poussin, le Guaspre et tous les grands paysagistes historiques sont aussi vrais que les peintres réalistes de l’école flamande. Ils restaient peut-être dans leurs ateliers tant qu’il ne s’agissait que de coordonner les lignes, de balancer les plans, de tracer en quelque sorte la géométrie de leurs paysages ; mais c’était de la contemplation intime et assidue d’une campagne qu’ils rapportaient la couleuF, la vie, la chaleur, l’air, la lumière qui les remplissent. Ils inventaient la pensée de leurs tableaux ; mais c’était à la nature qu’ils allaient en demander la métaphore. Aussi, pour ne parler que des deux grands maîtres que nous venons de citer, les paysages du Poussin sont d’une précision de vérité aussi littérale que ceux de Wynants, et Guaspre est souvent aussi fin que Hobbéma.

Les paysages académiques, eux, au contraire, s’interdisent comme une hérésie toute espèce de rapports