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que nous, et qui n’a aucun rapport avec le paysage historique. Poussin, le Guaspre et Aligny n’ont rien de commun avec Valencienne, Bidault et M. Desgoffes.

Je pose en fait qu’il n’est pas un seul des paysages du Poussin ou duGuaspre qui n’ait son type exact dans la réalité, sinon dans son ensemble, du moins daus chacune des parties qui le composent. Ces chênes, aux attitudes sculpturales, qui semblent faire des gestes avec leurs branches, comme si la Dryade antique respirait dans leur tronc et se mouvait dans leur feuillage, je me suis assis à leur ombre dans la campagne romaine ; ces montagnes qui couronnent l’horizon comme une harmonieuse architecture, ce sont celles que les voyageurs prennent de loin, en Grèce, pour des ébauches colossales de temples ou de théâtres ; ces grandes cascades qui tombent à flots égaux comme do la bouche arrondie d’un vase, les Apennins et les Alpes en recèlent de pareilles dans leurs profondeurs. Il est certain que cette convocation des formes les plus solennelles et les plus rares de la nature ne se rencontre pas tous les jours, et que le hasard rassemble rarement dans le même horizon l’élite des arbres, des eaux et des montagnes ; mais, si l’on admet que l’art est l’interprétation etnon pas la simple reproduction de la réalité, de quel droit interdirait-on au paysagiste la recherche du style, de la beauté, de l’idéal ? Pourquoi donc lui défendrait-on de Composer un massif comme un peintre d’histoire compose un groupe* et de choisir ses arbres