Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/123

Cette page n’a pas encore été corrigée

s’assirent sur des sièges de roche dans la voûte tapissée de lierre et de nids de chauves-souris. Nous avions apporte une énorme cloche fêlée sur un fardier ; on la suspendit sous la voûte ; elle sonna minuit pendant un quart d’heure : nos oreilles saignaient. La montagne est creuse, elle sonna comme la cloche : à chaque coup, les réseaux de lierre se crispaient comme une toile d’araignée. Il y eut beaucoup de plaintes dans l’air, plaintes exprimées dans cette langue que la nuit parle, et qui ressemblaient à de sourdes protestations d’êtres invisibles qui se révoltent contre une usurpation de localité. L’ouverture de Freyschùtzcommença. Je m’étendis sur un lit de cailloux plats antédiluviens. Weber avait travaillé pour cette nature. A peine le cor eut-il fait invasion dans le jeu de l’orchestre, que tous les objets environnants prirent un caractère de funèbre physionomie ; les montagnes ouvrirent leurs caverneuses oreilles, et le souffle de l’air anima le clavier de leurs mille échos ; les pins parlaient aux mousses des pics, les collines aux herbes de la plaine, les grillons aux chênes verts ; tous ces murmures, toutes ces plaintes de la nuit, emportaient au ciel l’infernale harmonie de Weber. Je regardai les musiciens ; ils avaient les cheveux hérissés comme des feuilles d’aloès., •

Nous craignions de manquer de trombones : il en vint six pour attaquer l’évocation de Robert. Des voix se demandaient : « Quels sont ces musiciens ? » Personne