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semblent descendre des grottes du pic, comme une troupe de bandits qui courent au voyageur. Toutes les harmonies de ce lieu sont dolentes ; il y a dans les crevasses des rochers des oiseaux non classés par l’ornithologie ; ils chantaient aux chauves-souris des airs sombres comme une absoute. La nuit arrivait noire, mystérieuse, toute pleine de confidences que la gamme de la brise —glisse à l’oreille à travers les touffes de cheveux. Je levai les yeux au ciel pour me réjouir aux étoiles ; une seule constellation luisait sur un fond obscur, la grande Ourse, magnifique fauteuil d’étoiles renversé à demi, comme si le Dieu du ciel venait d’être détrôné par Satan. Je me mis alors à marcher dans la direction des sept étoiles ; mon chemin s’éclaircissait peu à peu. Je sortis du puits, tout joyeux de n’avoir pas été surpris par le coup de minuit dans cet horrible amphithéâtre où tant de scènes allaient être jouées par des acteurs de l’enfer. Une lueur de foyer humain m’annonça la campagne cultivée.

Quelques années après, sous la lune d’avril, à onze heures du soir, je revins accompagné de cent musiciens et artistes, et de trois fourgons d’instruments de cuivre. J’avais fait un appel à tout un orchestre d’amis, et on m’avait répondu avec zèle. Ce fut une fête comme il n’y en aura plus sur cette fade planète.

Vous avez entendu l’ouverture de Freyschûtz à l’Opéra, au Conservatoire, à Favart ; c’est une pastorale, un menuet que vous avez entendu. Mes musiciens