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Un vieux pin rabougri murmurait des plaintes contre ce bureau, et, dans mon état de trouble, il me sembla que ce vieux pin me demandait mon billet. J’entrai hardiment, d’un pas d’auteur, et je courus à l’avant-scène ; là, c’était à faire frémir les deux Ajax. Une large et haute voûte minait le pied de la montagne ; des tentures de lierre noir couvraient cette voûte et lui donnaient l’aspect d’une chapelle funéraire— ; au, centre montait un catafalque qui avait pris la forme d’un aqueduc ; le sol était jonché de hideux débris.

J’entendis un bruit de pas derrière moi ; je n’osai regarder ; les cailloux du sentier grinçaient sous des pieds ferrés. Au hasard, je risquai un œil de ce côté ; c’était un bûcheron. « Mon ami, lui dis-je, où est le chemin qui conduit à la ville ? »

Citation empruntée à YEglogue de Mœris. Le bûcheron ne me répondit pas, mais de sa main il me désigna un sentier suspendu au flanc d’une montagne. Je n’avais pas encore remarqué cette montagne ; le sommet était abominable à voir ; il montait au ciel dans une forme révoltante et qu’on ne peut décrire : c’était comme une impudique pensée de granit lancée au ciel pour arrêter le vol des sorcières. Des coups de tonnerre avaient détaché de cette masse d’énormes blocs gisant à mes pieds ; ohl c’est qu’il doit s’être passé là des choses qui appellent la foudre eu plein azur ; un chêne poitrinaire s’est réfugié là comme un ermite en méditation, à l’abri du vent, sous la montagne. Des pins échevelés