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des épreuves à subir avant d’être admis à communier avec la nature. Toute ironie doit disparaître pour faire place à un sentiment de mélancolie réfléchie, douce et immense à la fois, qui puisse s’harmoniser avec la sagesse de ces vieux arbres couverts de mousse, qui semblent les menfors de la forêt.

Je partis pour Fontainebleau avec le secret sentiment d’un malade à qui on a ordonné le climat de Nice comme dernier remède, et qui s’en va emportant au fond du cœur le triste pressentiment qu’il en reviendra plus délabré. Je craignais de ne pas arriver à déchiffrer ce livre de la nature pour lequel les études m’ont manqué.

Sans doute la volonté entre pour beaucoup dans l’homme ; mais il ne suffit pas de dire : Je veux apprendre à parler allemand d’ici à demain matin, pour se réveiller le lendemain parlant allemand.

11 en est de même de la nature : sans doute nous devrions la comprendre de tout temps ; mais quand la civilisation nous a bouché l’entendement des choses naturelles, pour y substituer la science factice des choses convenues, d’usages de la société, de lectures inutiles, alors ce sont des combats sans nombre, des replis sur soi-même, des puits qu’il faut creuser, des plongeons au dedans de nous-mêmes, pour dépouiller l’homme des villes et retrouver bien loin, caché comme au fond d’une prison, maigre et garrotté, l’homme dela nature, que nous tenons enfermé aussi criminellement que ces