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FONTAINEBLEAU.

ble à un poing fermé. Les grands chênes séculaires, qui plongent peut-être leurs racines dans les limons diluviens, et qui jadis ont fourni la moisson du gui aux faucilles druidiques, ont seuls conservé leur apparence de force et de beauté primitives. Tassés sur leurs troncs formidables, ils ressemblent à des Hercules au repos, qui, ramassés sur leur torse, développent puissamment leur vigoureuse musculature.

C’est au point central du plateau que se trouve la mare, ou plutôt les deux mares formées sans doute par l’accumulation des eaux pluviales qu’ont retenues les bassins naturels creusés dans les rochers. Ce roc immense règne en partie dans toute l’étendue du plateau. Disparaissant à des profondeurs irrégulières, il reparaît à chaque pas, éventrant le sol par une brusque saillie. Aux fantastiques rayons de la lune, on se croirait encore sur quelque champ de bataille olympique, où des cadavres de Titans mal enterrés pousseraient hors de terre leurs coudes ou leurs genoux monstrueux. Ce qui permet de supposer que cet endroit est situé au-dessus de quelque crypte formée par une révolution naturelle, c’est que le sabot d’un cheval ou seulement la course d’un piéton éveille des sonorités qui paraissent se prolonger souterrainement. À l’entour des deux mares, et profitant des accidents de terre végétale, ont crû les herbes aquatiques et marécageuses, où les grenouilles chassent les insectes, où les couleuvres chassent les grenouilles. Dans toutes les parties que les eaux