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La roche qui pleure en pleure à l’avance, et le grand veneur attristé, en son patois de fantôme, se dit à luimême : « Où allons-nous ? »

Nous allons aux roches pelées, aux mousses, aux lichens, au bouleau monotone, au tremble insaisissable, au saule rabougri, au terrain calciné, au gazon brûlé du soleil, au ruisseau sans eau, à la grotte sans mystère, au sentier sans ombre, au vallon aride, à la colline dépouillée, à tout ce qu’il y a de difforme et de hideux sous le soleil ! Voilà où nous allons ! disent les peintres, et les peintres les plus habiles : le mélancolique Cabat, le vigoureux Decamps, l’éclatant Diaz. l’éloquent Jules Dupré, Bertin le Penseur. Qui encore’.' Troyon, Théodore Kousseau, Francis, Isabey, Giraud. Les uns el les autres, ils ne veulent pas se consoler s’il faut renoncer à la forêt de leur adoption.

Eh quoi ! vous avez à vos ordres la forêt entière, la fontaine Nadon et les bains des Sables, le bois Gautier el Montandart, lus Ventes-au-Diable et la Mal-Montagne, Vidosang et Montmerle, Bois-Bon et Lumière, les Epines-Vertes et la Grande-Bruyère ; vous avez la vallée Jauberton, et le Mont Merle, tout Moret, tout Franchart, les rochers d’Arbonne, les Grands-Feuillards, la Mare-aux-CorneUles et les Ventes-Barbier ; vous pouvez couper les Potnmerayes et la Bècassière, Cassepot et la Madeleine ; la Canche-Guillemette ellemême vous tend ses bras chargés de feuillage, et vous ne pouvez pas accorder encore une grâce de vingt années