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Louis XIV ! O sire ! songez aux artistes que vous aimez et qui vous demandent la vie et la grâce de leurs domaines ! Hélas ! ils ne possèdent au monde entier que leur forêt de Fontainebleau ! Ils y venaient enfants, portés par leurs mères, et ils jouaient au pied même du chevalet paternel ; ils y sont venus jeunes gens, tête à tête avec leur premier tableau et leur premier amour ! Maintenant que les voilà des hommes et que vos mains vénérables ont pris les rênes de l’État, sire, ils comptent bien profiter de la paix que votre sagesse doit donner à l’Europe pour accomplir les plus belles tâches de leur âme et de leur cœur ! Ici est leur patrie, ici est leur fortune ! A l’ombre de ces arbres ils espèrent trouver leur gloire ! 0 roi ! écoutez-les, et respectez les vieux chênes, l’honneur des forêts, la grâce du paysage, la leçon des artistes, leur repos et leur espoir ! »

Ainsi nous parlions, et ce bon roi, parmi tant d’écueils qui couvraient la surface de ce royaume et qui montaient incessamment jusque sur les marches de ce trône à peine fondé, s’arrêta un instant en son labeur pour écouter Fontainebleau en larmes. Or il savait toute la forêt par creur ; il en pouvait nommer tous les arbres ; il l’aimait comme Bourbon, il l’aimait comme roi ! — « Le Bas-Bréau ! dit-il, on veut toucher au Bas-Bréau ? Je ne l’entends pas ainsi ! Je ne veux pas que, moi régnant, tombent ces vieux arbres. Que mes artistes se rassurent. Je veux réparer Fontainebleau comme je veux réparer Versailles ; qu’ils fassent des