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excellente d’hommes contents de peu, heureux de rien, qui ne changeraient pas contre la couronne de France la plume, la brosse, l’ébauchoir, le noble outil qui les fait vivre. Bonnes gens, faciles à vivre et faciles à mourir ! Un brin de soleil suffit à leur joie, une chanson les rend tout aises, un morceau de pain les fait riches, un sourire les fait glorieux ! 0 révolution, ô révolutionnaires, ô ambitieux de tous les étages, vous ne pouvez rien sur ces âmes indépendantes ! Elles vous regardent en pitié, elles vous méprisent ; elles savent que vous passez vite, et tout leur souci, c’est de ne pas toucher de leur robe blanche votre manteau souillé !

Hurlez ! criez ! moquez-vous du monde ces amis

dont je parle vous abandonnent le bruit, la déclamation, l’orage, la tempête ; ils ne s’inquiètent guère que de vivre à l’abri de vos tumultes. Plus vous êtes superbes, et plus ils sont humbles ! plus vous vous fait tes grands, et plus ils se font petits ! Ils méprisent votre gloire, votre force, votre éloquence, vos splendeurs, vos fortunes, votre popularité, vos mensonges ; ils aspirent à une lumière plus pure, à une gloire moins bruyante, à une popularité plus sereine ; ils chantent d’autres cantiques, ils rêvent un autre soleil !

Ils vivent d’un travail facile, d’une pensée active et paresseuse tout ensemble ; ils aiment le silence et l’espace, le mouvement mêlé au repos, le sommeil à l’ombre du saule, la méditation à l’ombre du hêtre ; ils donneraient les Tuileries dévastées pour un chêne de la forêt de