Page:Luchaire - Inauguration de l’Institut Français de Florence.djvu/17

Cette page n’a pas encore été corrigée

lui est assurée tant que l'homme sentira la vertu mystérieuse de l'art et de la beauté !

« Par un étonnant privilège, elle a une part prépondérante dans le développement littéraire, c'est elle qui dans la diverse harmonie des langues rend les sons les plus justes, et tandis que dans la science politique elle est demeurée maîtresse, elle conserve des archives tellement riches qu'il est également impossible à un historien de les ignorer ou de les épuiser.

« Voilà ce que vous promettez aux étudiants français.

« Vous apporterez aux jeunes Italiens les trésors d'une histoire si souvent mêlée à la leur à travers les péripéties les plus diverses sans que les divisions de la politique, les accidents de la guerre ou de la conquête aient jamais fait naître des inimitiés de race, la France et l'Italie ont pu se quereller sans jamais se haïr, tant il y avait d'idées semblables dans l'âme de ces deux sœurs, se sentant toutes deux les filles aînées delà civilisation latine. De leur origine, elles ont conservé la fierté native; toutes deux aiment passionnément leur pays, toutes deux répugnent aux intimités qui prétendent supprimer comme un vestige suranné l'amour de la patrie, elles veulent bien abaisser les frontières, mais non les drapeaux, elles se tendent librement la main dans la pleine dignité de leur rôle dans le monde. C'est ainsi que l'Institut français de Florence vivra et se développera, apprenant aux étudiants des deux côtés des Alpes, par l'incomparable spectacle de l'histoire, qu'entre deux grandes nations, il n'y a de véritable amitié que si elles savent se connaître et se respecter.

« Le dix-septième et le dix-neuvième siècle leur ont appris le chemin de la Villa Médicis et du Palais Farnèse. Vous avez voulu que le vingtième siècle, à son aurore, leur offrît une nouvelle étape laborieuse et brillante.  »