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émise à la fin du dernier siècle par la Porte du Theil[1], que nous avons ici des notes historiques prises par un ou plutôt par plusieurs religieux du Mont-Saint-Michel. Mille indices trahissent cette origine avec la dernière évidence. Ainsi, les événements relatifs à la basse Normandie et à cette partie de la Bretagne qui confine à la célèbre abbaye sont relevés avec un soin particulier que l’extrême concision, les nombreuses et importantes omissions dont le chroniqueur est coutumier, font encore ressortir. Charles VI va-t-il en pèlerinage au Mont-Saint-Michel au mois de février 1394, on n’a garde de passer sous silence cet incident dont il n’est fait aucune mention dans d’autres chroniques de la même époque beaucoup plus détaillées. En marge de la mention d’un duel qui eut lieu à Nantes en 1386 entre Robert de Beaumanoir et Pierre de Tournemine, on écrit les lignes suivantes : « Monseigneur Pierres fut abbé de céans en cest an mil CCC IIII VI[2]». Or, le personnage qu’on désigne par cette périphrase familière et significative « l’abbé de céans », c’est Pierre le Roy, né à Orval au diocèse de Coutances, successivement abbé de Saint-Taurin d’Évreux et de Lessay, qui fut élu en effet abbé du Mont-Saint-Michel en remplacement de Geffroi de

  1. Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque du Roi, Paris, 1789, in-4o, t. II, p. 302 à 314. La dissertation de la Porte du Theil, relative à la chronique que nous publions, fait partie d’un travail plus étendu où cet académicien a décrit successivement les divers articles contenus dans le manuscrit n° 5696 du fonds latin, à la Bibliothèque du Roi.
  2. F° 59. Cf. p. 16 de notre édition.