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sait cette dame depuis fort longtemps ; il crut devoir exprimer son incrédulité, qui lui paraissait d’autant mieux fondée qu’aucune des nombreuses célébrités parisiennes qui avaient été appelées jusqu’ici auprès de la malade n’avait émis le moindre soupçon d’un mal ainsi défini à première vue par M. Charcot.

Connaissant le genre de vie de cette dame, son docteur ordinaire était en état d’affirmer qu’elle ne buvait pas, affirmation appuyée par les dires de la malade et ceux de tous ses proches.

« Sapristi, ça ne peut cependant être autre chose que paralysie alcoolique, » répondit M. Charcot à toutes les allégations sur l’idéale sobriété de la paralytique. Il rentra encore une fois dans sa chambre à coucher. Durant son second examen il découvrit dans un coin de la chambre une bouteille de litre vide placée sous une table. La présence de cette bouteille dans la chambre de la malade parut l’intéresser. « Suivant le conseil d’une de mes amies, répondit la dame, j’emploie depuis longtemps des frictions de rhum contre les douleurs rhumatismales des jambes. — Est-ce vous-même qui faites ces frictions ? — Oui, répondit-elle. — Vous êtes très faible, remarqua M Charcot, et ces frictions doivent vous fatiguer beaucoup, vous devez certainement prendre quelque chose pour relever vos forces. — Oui, je prends quelquefois quelques gouttes de ce même rhum. »

Ayant appris que le rhum était apporté par la femme de chambre, M. Charcot la fit venir dans une autre