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nant il y auoit touſiours eu grand nombre de Gentils, retenans en leur entier leurs temples, & Moſques. Y reſtoient ſemblablement pluſieurs Bonzes auec leurs Idoles & reuenus, leſquels empeſchoient que le demeurant des Gentils ne ſe conuertiſt, & que ceux qui eſtoient deſia reduits ne cheminaſſent conformément à la loy Chreſtienne. Et de ce principallement eſtoit cauſe la femme du meſme ſeigneur, qui eſtoit Payenne, & grande ennemie des Chreſtiens, & nous auoit touſiours braſſé pluſieurs perſequutions, & faict tourner arriere pluſieurs nouueaux Chreſtiens eſtant par trop adonnee à la loy du Iappon, & aſſez bien entendue & verſee en icelle, comme encores aſſez docte és ſciences de ce pais. Mais la miſericorde diuine dispoſa ſi bien l’affaire qu’elle eſtant venue l’an paſſé pour viſiter ceſte ville, ouit quaſi contre ſon gré noſtre predication : laquelle oüie, alla touſiours deſpuis adouciſſant petit à petit l’aigreur & fierté de son cœur, de façon qu’en fin elle ſe conuertit, & auec elle quaſi tous ceux, qui eſtoient encores Gentils. Et ſachant bien, que le tout deſpendoit de ceste dame, ie mis grand peine de la bien informer & inſtruire es choſes de la foy, leſquelles, comme elle eſt femme de grand dexterité, & entendement, elle à com-