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dv Iappon.

angoiſſes a faſcheries moy, le pere Antoine Lopés, & noſtre frere Loys nous retrouuaſmes, & bien que d’heure à heure nous attendions la mort, comme ſouuent elle nous eſtoit annoncée, toutesfois il ne pleut point à Dieu de nous faire ſi ſinguliere grace, auec tout ce, que nous ne laiſſions d’encourager les laſches, & inciter ceux, qui eſtoient tombez de ſe releuer, & fuſmes en tel eſtat, iuſques à ce que l’on nous bruſla l’Egliſe. Car lors fuſmes contrains de nous retirer à Cochinogu, d’ou i’enuoyay mes compagnons à Amagouza, & ie m’en allay à Bungo par lieux eſtranges & diuers & chemins bien differens de ceux, qui m’eſtoient proposez, qui fut vn trait de la prouidence diuine : car autrement ſ'eſtoit fait de ma vie, d’autant que quelques miens ennemis m’auoient dreſſé embuſches au milieu du chemin ordinaire. En eſchange de ceſte affliction noſtre bon Dieu nous conſola par le moyen de l’heureuſe reduction de toute ceſte ville de Maguza, ou preſque tous les habitans ont receu le bapteſme, & ceux, qui ne l’ont voulu receuoir ont eſté chaſſez hors auecques perte de tous leurs reuenus, parce que combien, que le ſeigneur de ceſte Iſle euſt eſté fait Chreſtien il y a ia ſix ans, neantmoins iuſques à mainte-