Page:Luís Fróis et al. - Lettres du Iappon - 1580.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
lettres

benoiſt ſainct Eſprit. Mais auſſi toſt qu’il eut rendu ſon ame, ſon corps fut baillé és mains des Bonzes, lesquels sont en grand nombre, & ſeigneuriſent pour la plus part ce royaume, parce que preſque tous ſont fils, ou freres des principaux ſeigneurs d’iceluy. Le nouueau Roy & les plus puiſſans gentilshommes, nous dreſſerent incontinent vne furieuſe perſecution, faiſant mettre en pieces les croix, qui auoient eſté dreſſees, commandans à ces nouueaux Chreſtiens ſoubs peine de la vie, de reprendre leurs premieres erres, & retourner au paganisme. Ce que la plus grand part d’iceux fiſt aſſez promptement, n’eſtans encores bien affermis, ains comme nouuelles plantes non gueres bien cultiuees par faute de bons ouuriers. Cependant ſ’en treuua-il touſiours quelque bon nombre de fermes, & conſtans, & reſolus de pluſtoſt aller en exil, & de perdre meſme la vie que d’abandonner la foy & religion, qu’ils auoient profeſſee. Et y en euſt quelques autres Ieſques ne pouuans ſurmonter la crainte de la mort, nioient de bouche la ſaincte foy, bien que interieurement ils ne la niaſſent, & venoient de nuict vers nous pleurer & confeſſer leur laſcheté, & leur peu de courage. Or iuge maintenant voſtre Paternité en quelles