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dv Iappon.

Par le moyen de ce fléau la tormente de l’Egliſe s’acoyſa pour vn peu, la Royne nous ſignifiant, que ce ſeroit la derniere perſecution, qu’elle braſſeroit contre nous. Plaiſe à noſtre bon Dieu, que si son corps est affligé, l’eſprit pour le moins en soit garenty, & ſauué. Et quant à la ſœur de la Royne, elle n’a eſté ſans punition, car il y a trois iours que le feu bruſla, & conſuma tout ſon palais, ſans q’une milliace d’hommes qui y accoururent, y peuſſent donner ordre : tant ſeulement eſchapperent ce furieux embraſement certains edifices, que Dom Sebaſtien ia Chreſtien y auoit dreſſé, nonobſtant q’uils fuſſent conioincts au corps dudict palais, qui fut bruſlé. Ie laiſſe à part pour n’eſtre trop prolixe, pluſieurs autres particularitez, quoy q’uelles ſoient de grande conſolation, & m’en viens à la concluſion. Mes bien-aymez freres, l’hyuer paſſa bien toſt apres, & les fleurs ſ’appareurent en noſtre terre, le Roy deſpeſchant vn ſien familier pour dire au P. François Cabral, quil auoit occaſion de rendre graves immortelles à Dieu, & de ſoy r’allegrer auec tous les autres, puiſque l’affaire eſtoit venu au port, qu’ils pretendoient, & nous auec tous les Chreſtiens auions ſouhaitté. Bien que pour tout cela il ne ſe deuoit endormir, ains pluſtoſt s’adextrer et pren-