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dv Iappon.

au meſprix de la foy, n’eſtoient reſoluz de demeurer les bras croiſez, & ſans ſe mettre en deuoir de defenſe auec le peril de leur propre vie : Et ce d’autant plus qu’ils ne doubtoient aucunement qu’en ce faiſant ils ne feiſſent ſeruice au Roy & choſe treſagreable à la diuine maiesté. Si bien qu’en cachettes & à noſtre deſçeu ils feirent amas de grand nombre d’arquebuſes, arcs, fleches & autre attirail de guerre. Ce temps pendant nous eſtions en prieres & oraiſons, & le pere Cabral se confeſſa generalement & d’heure en heure attendions l’euenement tant & tant ſouhaitté. Quant aux paremens de l’Egliſe, le pere iugea qu’il n’eſtoit neceſſaire de ſauluer rien autre que certains calices, la cuſtode & quelques reliquaires, & tels autres ioyaux d’argent. Ce qui fut tout mis dans deux coffres, deſquels en vouluſmes bailler en garde vn a vn gentil-homme, à fin que noſtre mort aduenant, il le rendiſt au pere Iean Baptiſte, qui fait ſa reſidence à Funay, ou ſi luy encores mouroit, à quiconque ſeroit ſuperieur de noſtre Compaignie en l’Iſle du Iappon. Mais le bon gentil-homme ne le voulut accepter, diſant : Mon pere, ſi vous eſtes en danger, aſſeurez vous que ie courray la meſme fortune, puis que ſouſtiens la meſme que-