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dv Iappon.

roit en tout ce qu’il luy feroit possible, & que ſ’il eſtoit enuoyé en exil, qu’il ne permettroit qu’il y allaſt ſeul, ains luy tiendroit bonne & ſeure compaignie. De ce traict ſ’aduiſa Simon, à fin que ſçachant la Royne, & Cicacata, la reſolution qu’auroit fait Dom Sebaſtien de ſuyure en tous lieux ſon bien aymé Simon, n’euſſent la hardieſſe de tramer son banniſſement. Or pour reuenir au propos commencé, dés auſſi toſt que Cicacata eut receu ces autres lettres, par leſquelles Simon ſe declaroit ouuertement Chreſtien, il feit courir le bruit d’aſſembler grande multitude d’hommes pour venir maſſacrer nos peres, tuer le pere Cabral, & tailler en pieces noſtre frere Iean, comme le plus coulpable, par ce qu’eſtant de nation Iapponoiſe, il auroit auec ſa langue naturelle plus auancé la ſeduction de ſon fils : en outre bruſler l’Egliſe. Quant à nous autres ne fiſmes faute d’auoir encor’recours à nos armes ſpirituelles, offrans prieres, oraisons, ieuſnes, & tous autres ſacrifices de l’Egliſe, le requerant de vouloir departir à Simon grace & force de cœur, à fin qu’il peuſt perſecuter ferme & constant en la ſainte foy. Tous les gentilshommes Chreſtiens vindrent auec grande alegreſſe ſe retirer dans noſtre Egliſe auec grand desir de la coronne du martyre. Et cependant que nous eſtions ensemble au dedans